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1 Éléments d'Anthropologie du Droit
Avant-propos : Philippe LABURTHE-TOLRA Doyen honoraire à la Sorbonne
Préface :
Norbert ROULAND Membre de l'Institut Universitaire de France

présentation avant-propos préface introduction plan
index analytique références table illustrations
1- Le souverain juge
2- “Pourquoi le sang de la circoncision...”
3- Dessin du dessein
4- “Authentique ! sans papier !”
5- L“Âme du Mil”
6- “Il faut se battre pour la constitution...”
7- Rire et démocratie
8- Sur l’innovation et la Découverte : 12
9- La “culture des analgésiques” et l’individualisme
10- Du “mariage arrangé” à l’“amour-passion”
11- Du mythe au roman, de la Patrie à la Filisterie
12- La chimie du rire
13- Quelques données sur la prohibition de l’inceste
14- Morale et handicap
15- Le juge, de quel droit ?
16- Droit au sol et mythes d'autochtonie
17- Habiter, cohabiter : sur l’exemplarité
18- Le territoire de la langue : les deux natures
19- Enquête sur la forme humaine : 1
20- Enquête sur la forme humaine : 2
21- Enquête sur la forme humaine : 3
22- Quelques exercices de Travaux Pratiques
présentation

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SOMMAIRE

anthropologieenligne.com : unité de l’homme et diversité des cultures


2ième partie :

III - 8.14 L'invention néolithique ou :
le triomphe des fermiers (bases pour travail en cours)


Le triomphe des fermiers

Le choc de la Découverte à l’or pour objet et pour symbole. Deux gravures de Theodore De Bry (1594), inspirées notamment de l’Historia del Mondo Nuovo de Girolamo Benzoni (1565), figurent cette opposition touchant la signification et la fonction de l’or. Sur la première, les conquistadores se font remettre par les Indiens l’or qu’ils possèdent : un amoncellement d’objets réalisés dans ce métal. Un Indien nu est désigné comme le détenteur de cet entassement aussi inouï qu’hétéroclite et se dégage l’idée que cet or, inutile aux Indiens, trouve ses usagers et propriétaires naturels en la personne des conquistadores.

Sur la seconde, des Indiens versent de l’or fondu dans la gorge d’un Espagnol, tandis que d’autres Indiens, à l’arrière-plan, se livrent à des pratiques anthropophages. L’imposition par les Espagnols d’un tribut en or fut à l’origine de la révolte d’Indiens Jivaros en 1599. Après avoir envahi la ville de Logrono et capturé le gouverneur, les indiens “le déshabillèrent complètement, lui lièrent pieds et poings et, tandis que certains se divertissaient fort à le frapper et à se moquer de lui, d’autres installaient dans la cour une grande forge où ils mirent à fondre l’or du tribut. Quand l’or fut fondu, ils lui ouvrirent la bouche avec un os, disant qu’ils voulaient voir si, pour une fois, il aurait assez d’or…” (Velasco, cité par Harner, 1973 : 192)

Gravures colorées à la main Francfort, 1594
Theodore De Bry
New York, NYPL, Rare Books Division, *KB + 1590
37 x 25,4 cm
En 1541, l'explorateur italien Girolamo Benzoni accomplit un long voyage à travers les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. En 1565, il publia une relation de ce périple sous le titre Historia del Mondo Nuovo, dont De Bry s'est inspiré pour réaliser ses gravures.

Une gravure de l’indien quechua Felipe Guaman Poma de Ayala, dans sa chronique de la conquête du Pérou dont il commence la rédaction illustrée en 1587, confirme cet appétit des Espagnols pour l’or dans le face à face d’un Inca et d’un Espagnol.
L’Inca :
– “Tu manges cet or ?”
L’Espagnol :
– “Este oro comemos.”
“Nous, Espagnols, disait Cortès, nous souffrons d’une maladie de cœur dont l’or est le seul remède.”
Colomb : “L’or est la meilleure chose au monde, il peut même envoyer les âmes au Paradis.”

L’appétit des Espagnols pour l’or est aussi incompréhensible pour les Indiens que le cannibalisme pour les Européens.


(Léry : cet homme tant riche dont tu me parles ne meurt-il point ?…)
Colomb :

Deux autres gravures de Theodore De Bry (Americæ Pars Sexta, 1596, fol. 7 et Americæ Pars Quinta, 1595, fol. 18), quand Pizarre “avalla par terre” Hataualpa, “ce dernier Roy du Peru” pour s’emparer des “brancars d’or” et de la “cheze d’or”, selon les termes de Montaigne (Des coches, III, VI, p. 894) sur lesquels il était porté au milieu de la bataille et quand Pedro de Alvarado et ses soldats massacrèrent les Mexicains pour s’emparer des bijoux dont ils étaient parés à l’occasion d’une fête mettent en scène cette opposition.

Les auteurs de ces actes de brigandages sont en réalité une avant-garde du concept d’Europe, signifiant de manière grossière et criminelle le fonctionnement ordinaire d’un mode de production, d’un écosystème avec ses valeurs, son code, son éthique. La fascination pour l’or, concentré de richesse et symbole de toute richesse, objet par excellence de l’universelle convoitise, fin ultime de tout travail et de toute peine “par-deça” trouve ici une expression cruelle et tragique : ceux qui ont l’or, donc qui ont tout, sont à la merci d’une petite troupe d’Espagnols ayant enfin à portée de main ce vers quoi tendait une expédition portée par le développement d’une idée inconnue dans le Nouveau monde. Comment ces aventuriers “ivres d’un rêve héroïque et brutal”, “fatigués de porter leurs misères hautaines” (tels que chantés par Hérédia – hommes de sac et de corde, le plus souvent), rendus fous au spectacle de cette invraisemblable accumulation du métal fabuleux aux mains d’Indiens nus et vulnérables auraient-ils pu agir autrement ?


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Le triomphe des fermiers
Ishi. Les bushmen…
Contraints au repli sur la peau de chagrin de leur écosystème, puis n’ayant plus les moyens écologiques de leur survie, contraints de se rendre à la « civilisation » et de s’y louer. Ils constituent le lunpenproletariat des fermes, haciendas, puis des usines… (pygmées et bantous…)

“Non, non, mille fois non ! Ne me parlez pas de comprendre les Noirs. La mission du Blanc est d’être le fermier du monde et il n’a pas à s’attarder à des contingences aussi dangereuses qu’inutiles.” (J.London, L’inévitable Blanc, R. Laffont, Paris, 1985, p . 578)

C’est que dans les sociétés indiennes, les activités qui ont la subsistance pour objet n’engendrent ni ne relèvent de la différenciation sociale.

C’est le regard que le laboureur peut avoir sur le chasseur-cueilleur…
« Enfin les Californiens végètent plutôt qu’ils ne vivent, et on est tenté de leur refuser une âme. »

Ce constat est porté par des aventuriers mus par la dureté de l’existence “par deça” (en Europe), la malédiction divine qui condamne Adam à quitter le Jardin d’Eden et à gagner son pain à la sueur de son front.

De Pauw ; Hegel / Tocqueville ; Conrad
Philosophes de cabinet et voyageurs

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Cornelius de Pauw et ses Recherches philosophiques sur les Américains

Parmi les singularitez de la Découverte : le constat de l’oisiveté et de l’indifférenciation sociale des Indiens. Ils ignorent le travail, la spécialisation et la hiérarchie, au sens séculier de ces mots. Cette quasi-absence de stratification sociale – banale, essentielle et constitutive de l’ordre des choses “par-deça” (dans l’Ancien monde) – apparaît comme une marque princeps du Nouveau Monde. Chez les Amérindiens, en effet, les activités qui ont la subsistance pour objet n’engendrent ni ne relèvent de la différenciation sociale.

Il n’est pas sûr que ce trait nous soit aujourd’hui aussi parlant. Nous voyons les sociétés lointaines avec la nostalgie d’un âge d’or ou à travers le prisme d’un égalitarisme rêvé, nous savons que la stratification n’est pas constitutive de l’organisation sociale et la découverte de l’Amérique n’est pas pour nous ce qu’elle fut : “l’événement le plus mémorable parmi les hommes […] en remontant des temps présents aux temps les plus reculés” selon Cornelius De Pauw , dans son Discours préliminaire aux Recherches philosophiques sur les Américains jmp : p . I) “Nostre monde vient d’entrouver un autre.” (Des coches, 886)

1774 : I, édition de Berlin, 3 vol. in-12

Ce constat précède et motive la Conquête et l’Exploitation. Les deux figures antithétiques du “bon sauvage” vivant comme aux premiers temps et du barbare “hébété” n’ayant jamais quitté l’état de nature révèlent une même vulnérabilité : le cataclysme de la Conquête est contenu dans cette irruption d’un monde organisé dans un monde naïf et primitif. “Toute la force et l’injustice étaient du côté des Européens : les Américains n’avaient que de la faiblesse : ils devaient donc être exterminés, et exterminés dans un instant.” (jmp : p. II) “C’estoit un monde enfant.” Des coches (Montaigne, III, 6, 887)

De Pauw est de ceux qui compatissent et qui condamnent l’extermination des Américains. “Il est certain que la conquête du nouveau monde, si fameuse et si injuste, a été le plus grand des malheurs que l’humanité ait essuyé.” (jmp p. II) Argumentant que la “cupide” Europe a suffisamment “abusé de sa supériorité”, il réprouve les “politiques à projets” et les “philosophes possédant le don de l’inconséquence” (allusion notamment à Charles de Brosses, et à son Histoire des navigations aux terres australes, parue en 1756) qui poussent à envahir les “terres australes”, ce “pays ignoré” (ce sont les expéditions de Cook, entre 1768 et 1775, traversant à trois reprises le cercle polaire antarctique, à la latitude de 66° Sud, qui démontreront l’inexistence de ce continent). “N’achetons pas l’éclaircissement de quelques points de géographie, par la destruction d’une partie du globe, ne massacrons pas les Papous, pour connaître au thermomètre de Réaumur, le climat de la nouvelle Guinée” (Préliminaire jmp IV), plaide De Pauw.

Le sous-titre de son ouvrage “Recherches philosophiques sur les Américains ou mémoires intéressants pour servir à l’histoire de l’espèce humaine” révèle sa véritable ambition : une histoire naturelle de l’homme. “Il est du ressort de la philosophie de l’Histoire de marquer par quel degrés l’esprit humain s’est élevé aux grandes inventions et d’expliquer pourquoi les mêmes découvertes ont été portées à un plus haut point de perfection dans un type que dans un autre” (II, 176). Mais “l’histoire de l’homme naturel” (I, XI) est sans histoire.
Les relations des voyages et les traités touchant l’Amérique lui servent à camper – exclusivement – une sorte d’Antimonde qui, de même que l’Antichtone est supposée faire équilibre aux masses continentales de l’hémisphère Nord, représenterait, au moral, une sorte d’envers de la civilisation : “La nature a tout ôté à un hémisphère de ce globe pour le donner à l’autre. L’Indien est pour De Pauw la figure fantasmée de l’homme avant la civilisation, une sorte de contre-exemple pédagogique. Le programme cité (“marquer par quels degrés…”) ne reçoit aucun début de réalisation de sa part. Tout le génie de De Pauw s’épuise, en réalité, dans la construction de cet épouvantail. “Inutiles à eux-mêmes et à la société, les Californiens végètent plutôt qu’ils ne vivent, et on est tenté de leur refuser une âme.” (I, 140-141) Du fait de cette constitution congénitalement débile, d’un “vice radical”, ce que cette survie sans invention, propre au Nouveau Monde, peut enseigner est négatif.

L’histoire de l’homme naturel ne peut donc être que physique. “Si nous avons dépeint les Américains comme une race d’hommes qui ont tous les défauts des enfants, comme une espèce dégénérée du genre humain, lâche, impuissante, sans force physique, sans vigueur, sans élévation d’esprit, nous n’avons rien donné à l’imagination en faisant ce portrait, qui surprendra par sa nouveauté, parce que l’histoire de l’homme naturel a été plus négligée qu’on ne pense.” (Préliminaire, p. VIII) Et De Pauw s’excuse auprès du lecteur du naturalisme de sa description :
“La reconnaissance de l’homme physique ayant été le premier objet de ces recherches, ce seroit une bizarrerie extrême, de ne pas nous pardonner de certains détails qu’on pardonne tous les jours à ceux qui décrivent des insectes et qui composent des volumes entiers sur la façon dont les limaçons s’accouplent.” (Pr IX)

On a l’impression que, dans ce fantasme de l’homme naturel, De Pauw en chargeant l’“Américain” poursuit un propos à la fois de conjuration et d’édification : la civilisation qu’il décrit n’est rien d’autre que l’envers de la civilisation stratifiée qui caractérise les sociétés de l’Ancien monde.

“Il doit exister dans l’organisation des Américains une cause quelconque… (I, 59-60)

Cette cause/raison quelconque se reconnaît à la dégénérescence des amérindiens, mais la dégénérescence est encore un effet et c’est dans un autre effet, qui me paraît justifier le propos de notre auteur qu’elle s’accomplit : l’uniformité sociale. Dans une tirade qui s’emploie à dénoncer cette imbécile uniformité, caractéristique du “génie abruti des Américains”, De Pauw dépeint avec une sorte d’horreur un monde où l’on ne peut pas être soi, c’est-à-dire différent, un antimonde caractérisé par l’uniformité, l’apathie et, nécessairement, la stérilité (les italiques sont nôtres) :

“Également barbares, vivant également de la chasse et de la pêche, dans des pays froids, stériles, couverts de bois quelle disproportion voudrait-on imaginer entre eux ? Là où l’on ressent les mêmes besoins, là où les moyens de les satisfaire sont les mêmes, là où les influences de l’air sont si semblables, les mœurs peuvent-elles se contredire, les idées peuvent-elles varier ?” (I, 115)

“L’insensibilité est en eux [les Californiens] un vice de leur constitution altérée ; ils sont d’une paresse impardonnable, n’inventent rien, n’entreprennent rien, et n’étendent point la sphère de leur conception au-delà de ce qu’ils voient ; pusillanimes, poltrons, énervés, sans noblesse d’esprit, le découragement et le défaut absolu de ce qui constitue l’animal raisonnable, les rendent inutiles à eux-mêmes et à la société […] on a même désespéré d’en pouvoir faire des esclaves.” (I, 140-141)

C’est que dans les sociétés indiennes, les activités qui ont la subsistance pour objet n’engendrent ni ne relèvent de la différenciation sociale…. (supra)

HEGEL

La raison dans l’Histoire : l’Esprit et les sociétés froides

Le regard porté sur les sociétés froides par un des grands noms de la philosophie européenne (dans sa version universitaire au moins) n’est pas différent. Sa vision des civilisations amérindiennes est dans le droit fil de De Pauw, mais c’est l’Afrique noire qui constitue pour Hegel cet antimonde qui sert à penser l’ordre, la civilisation et l’histoire.

Hegel : la raison dans l’histoire (1830)

Mexique et Pérou : “Une civilisation entièrement naturelle et qui devait, par conséquent, s’effondrer au premier contact avec l’Esprit. L’Amérique s’est toujours montrée et se montre encore impuissante aussi bien du point de vue physique que du point de vue moral. Depuis que les Européens ont abordé en Amérique, les indigènes ont disparu peu à peu au souffle de l’activité européenne. Même chez les animaux, on rencontre la même infériorité qui se remarque chez les hommes.” (232) (C’est Buffon revu par De Pauw…)


“Celui qui veut connaître les manifestations épouvantables de la nature humaine peut les trouver en Afrique.” (269)

Distinguer : c’est bien de l’Afrique noire (l’“Afrique proprement dite” (247) qu’il s’agit, car “l’Afrique est, pour ainsi dire, composée de trois continents qui sont totalement séparés l’un de l’autre et n’ont aucune communication réciproque.(au nord du Sahara : l’Afrique “pour ainsi dire, européenne ; puis le bassin du Nil “qui se rattache à l’Asie” - 245-6).

“Dans cette partie principale de l’Afrique, il ne peut y avoir d’histoire proprement dite.” (249)
Ce caractère (de l’Afrique) est difficile à comprendre, car il diffère complètement de notre monde culturel ; il a en soi quelque chose d’entièrement étranger à notre conscience. (id.)
“L’homme, en Afrique, c’est l’homme dans son immédiateté.” “C’est un homme à l’état brut.” (251) “Le nègre représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son absence de discipline. Pour le comprendre, nous devons abandonner toutes nos façons de voir européennes. Nous ne devons penser ni à un Dieu spirituel ni à une loi morale ; nous devons faire abstraction de tout esprit de respect et de moralité, de tout ce qui s’appelle sentiment si nous voulons saisir sa nature. Tout cela, en effet, manque à l’homme qui en est au stade de l’immédiateté : on ne peut rien trouver dans son caractère qui s’accorde à l’humain. C’est précisément pour cette raison que nous ne pouvons vraiment nous identifier, par le sentiment , à sa nature, de la même façon que nous ne pouvons nous identifier à celle d’un chien ou à celle d’un Grec qui s’agenouillait devant l’image de Zeus. Ce n’est que par la pensée que nous pouvons parvenir à cette compréhension de sa nature ; nous ne pouvons en effet sentir que ce qui est semblable à nos sentiments.” (251)

“Le fait de dévorer des hommes correspond au principe africain.” (259)
“Une telle dévalorisation de l’homme explique que l’esclavage soit, en Afrique, le rapport de base du droit.” (id)

“L’esclavage est une injustice en soi et pour soi, parce que l’essence de l’homme est la liberté. Mais pour arriver à la liberté, l’homme doit acquérir la maturité nécessaire […] L’esclavage ne doit pas exister car il est en soi et pour soi injuste selon le concept de la chose. Mais le “doit” exprime quelque chose de subjectif , il est, comme tel, non historique. Ce qui manque encore au “doit” , c’est la substantialité éthique d’un Etat.” (260)

”La polygamie des noirs a souvent pour fin la génération d’un grand nombre d’enfants qui pourront tous être vendus comme esclaves. ” (261)

“Ce que nous comprenons en somme sous le nom d’Afrique, c’est un monde anhistorique non-developpé, entièrement prisonnier de l’esprit naturel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle. » (269)


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Haton, C. Mémoires, contenant le récit des événements accomplis de 1553 à 1582, principalement dans la Champagne et la Brie, p. 38, édition F. Bourquelot, Paris, 1857.

« Par le congé du Roi », Villegagnon alla visiter les prisons de Paris » et « requit aux juges de lui délivrer ceux qui étaient criminels et qui devaient être condamnés à mourir pour les mener audit voyage. »

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TOCQUEVILLE / Tocqueville

Pendant qu’Hegel philosophe ex cathedra sur les civilisations amérindiennes et africaines, Tocqueville entreprend, en 1931, un voyage en Amérique. Il porte sur les effets du “souffle de l’Esprit” selon Hegel un regard plus informé.

“– Les Indiens, reprenaient notre hôte, ils ont été je ne sais trop où par-delà les Grands Lacs ? C’est une race qui s’éteint ; ils ne sont pas faits pour la civilisation : elle les tue.” (360)

“Un peuple antique, le premier et le légitime maître du continent américain, fond chaque jour comme la neige aux rayons du soleil et disparaît à vue d’œil de la surface de la terre. Dans les mêmes lieux et à sa place une autre race grandit avec une rapidité plus grande encore. Par elle les forêts tombent ; les marais se dessèchent, des lacs semblables à des mers, des fleuves immenses s’opposent en vain à sa marche triomphante. Chaque année les déserts deviennent des villages, des villages des villes. Témoin journalier de ces merveilles l’Américain ne voit dans tout cela rien qui l’étonne.” (361)

“Je ne crois pas avoir jamais éprouvé un désappointement plus complet qu’à la vue de ces Indiens.” (361)

“‘Qu’est-ce que la vie d’un Indien ?’ C’était là le fond du sentiment général. Au milieu de cette société si policée, si prude, si pédante de moralité et de vertu, on rencontre une insensibilité complète, une sorte d’égoïsme, froid et implacable lorsqu’il s’agit des indigènes de l’Amérique. Les habitants des Etats-Unis ne chassent pas les Indiens à cor et à cri comme faisaient les Espagnols du Mexique. Mais c’est le même sentiment impitoyable qui anime ici ainsi que partout ailleurs la race européenne.” (363)

“Ce monde-ci nous appartient, ajoutaient-ils ; Dieu en refusant à ses premiers habitants la faculté de se civiliser, les a destiné par avance à une destruction inévitable. Les véritables propriétaires de ce continent sont ceux qui savent tirer parti de ses richesses.” (364)

“Nous ne nous possédions pas de joie de connaître enfin un lieu que n’avait pas encore atteint le torrent de la civilisation européenne. » (369) “Cet homme inconnu est le représentant d’une race à laquelle l’avenir du Nouveau Monde appartient, race inquiète, raisonnante et aventureuse qui fait froidement ce que l’ardeur seule des passions explique, qui trafique de tout sans excepter même la morale et la religion.” (373)

Le pionnier
“Sur ses traits sillonnés par les soins de la vie règne un air d’intelligence pratique, de froide et persévérante énergie qui frappe au premier abord.” (372)

“Nation de conquérants […] qui s’enfonce dans les solitudes de l’Amérique avec une hache et des journaux […] qui […] n’a qu’une pensée, et qui marche à l’acquisition des richesses, unique but de ses travaux, avec une persévérance et un mépris de la vie, qu’on pourrait appeler de l’héroïsme si ce nom convenait à autre chose qu’à la vertu.” (373)

“C’est à lui qu’est donné de s’emparer des solitudes du Nouveau Monde, de les soumettre à l’homme, et de se créer ainsi un immense avenir.” (378)
“Nos costumes de voyage et nos fusils n’annonçaient guère des entrepreneurs d’industrie et voyager pour voir était une chose absolument insolite.” (375)
“Déjà en effet la race blanche s’avance à travers les bois qui l’entourent et dans peu d’années l’Européen aura coupé les arbres qui se réfléchissent dans les eaux limpides du lac et forcé les animaux qui peuplent ses rives de se retirer vers de nouveaux déserts.” (382)

Le village de Saginaw
“On peut le considérer comme un poste avancé, une sorte de guérite que les Blancs sont venus placer au milieu des nations indiennes.” (401) “Une fois par an, un vaisseau remontant le cours de la Saginaw vient renouer cet anneau détaché de la grande chaîne européenne qui déjà enveloppe le monde de ses replis.” (401)

“Depuis bientôt trois cents ans que le sauvage de l’Amérique se débat contre la civilisation qui le pousse et l’environne, il n’a point encore appris à connaître et à estimer son ennemie. Les générations se succèdent en vain chez les deux races. Comme deux fleuves parallèles, elles coulent depuis trois cents ans vers un abîme commun ; un espace étroit les sépare, mais elles ne mêlent point leurs flots. Ce n’est pas toutefois que l’aptitude naturelle manque à l’indigène du Nouveau Monde mais sa nature semble repousser obstinément nos idées et nos arts. Couché sur son manteau au milieu de la fumée de sa hutte, l’Indien regarde avec mépris la demeure commode de l’Européen ; pour lui, il se complaît avec orgueil dans sa misère, et son cœur se gonfle et s’élève aux images de son indépendance barbare. Il sourit amèrement en nous voyant tourmenter notre vie pour acquérir des richesses inutiles. Ce que nous appelons industrie, il l’appelle sujétion. Il compare le laboureur au bœuf qui trace péniblement son sillon.” (403-4)

“Le désert était là tel qu’il s’offrit sans doute il y a six mille ans aux regards de nos premiers pères ; une solitude fleurie, délicieuse, embaumée ; magnifique demeure, palais vivant, bâti pour l’homme mais où le maître n’avait pas encore pénétré.” (407)

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De la démocratie en Amérique (1835)

“Quoique le vaste pays qu’on vient de décrire fût habité par des nombreuses tribus d’indigènes, on peut dire avec justice qu’à l’époque de la découverte il ne formait encore qu’un désert. Les Indiens l’occupaient mais ne le possédaient pas. C’est par l’agriculture que l’homme s’approprie le sol, et les premiers habitants de l’Amérique vivaient du produit de la chasse […] La Providence, en les plaçant au milieu des richesses du nouveau monde, semblait ne leur avoir donné qu’un court usufruit ; ils n’étaient là en quelque sorte, qu’en attendant.” (28)

“On n’avait jamais vu parmi les nations un développement si prodigieux, ni une destruction si rapide.” (373)

“En contractant des goûts nouveaux, les Indiens n’ont pas appris l’art de les satisfaire et il leur a fallu recourir à l’industrie des Blancs.” (374)
“Pendant que les besoins des indigènes s’accroissaient ainsi, leurs ressources ne cessaient de décroître.” (id) “Ce ne sont donc pas, à proprement parler, les Européens qui chassent les indigènes de l’Amérique, c’est la famine.” (376)

“Les Espagnols lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes farouches […] Les Espagnols, à l’aide de monstruosités sans exemples, en se couvrant d’une honte ineffaçable, n’ont pu parvenir à exterminer la race indienne ni même à l’empêcher de partager leurs droits ; les Américains des Etats-Unis ont atteint ce résultat avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul principe de la morale aux yeux du monde. On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l’humanité.” (393)

Dans une lettre à sa mère du 25 décembre 1831 (sur le Mississipi)2, le voyageur fait les observations suivantes ; « Vous saurez donc que les Américains des Etats-Unis, gens raisonneurs et sans préjugés, de plus grands philanthropes, se sont imaginé, comme les Espagnols, que Dieu leur avait donné le Nouveau Monde et ses habitants en pleine propriété. Ils ont découvert en outre que, comme il était prouvé – écoutez bien ceci- qu’un mille carré pouvait nourrir dix fois plus d’hommes civilisés que d’hommes sauvages, la raison indiquait que partout où les hommes civilisés pouvaient s’établir, il fallait que les sauvages cédassent la place. Voyez la belle chose que la logique. » (…) C’est un témoignage empreint de triste ironie que Tocqueville livre alors : en effet, les Indiens, ici, les Chactas (ou Tchactwas), sont déportés « dans un désert où les Blancs ne leur laisseront pas dix ans en paix. Remarquez-vous les résultats d’une haute civilisation ? »

2 Tocqueville, Alexis (de) Lettres choisies. Souvenirs (1814-1859) Quarto Gallimard 2003 p 254-259

« C’est une chose bien particulière, écrit-il 83, que la propriété individuelle que nous regardons comme une institution quasi naturelle, n’existe à dire vrai qu’en Europe. Quand on regarde au fond de toutes les législations de l’Asie, on voit que le prince est, sinon en fait au moins en droit, le propriétaire de la terre. » La propriété est un sujet fort compliqué. « Les Anglais, écrit-il84, trouvent dans l’Inde la question de la propriété indécise. » Autrement dit, le gouvernement des hommes, et la domination, est bien plus aisé, en Inde comme en Afrique, que l’administration des choses, et la colonisation proprement dite.

82 Cette note est éditée dans le premier volume des OC en Pleïade p 993-1018
83 Ibid. p997

L’Algérie est-elle, en effet, un désert, comme beaucoup se la représentent ? Dans un désert, en effet, « plus de limites, plus de bornes aux champs, plus de titres à la possession de la terre »60. Un désert, à l’évidence, est une zone de non droit. Loin de se rallier à cette idée reçue, Tocqueville entend au contraire la démonter. « On se figure en général en Europe que tous les Arabes sont pasteurs et on se les représente volontiers passant leur vie à conduire de nombreux troupeaux sans d’immenses pâturages qui ne sont la propriété de personne ou qui, du moins, n’appartiennent qu’à la tribu tout entière. »61 Seule la culture du sol fonde la propriété des terres. La représentation est performante et efficiente : la terre appartient-elles aux animaux ? Cherchez des pasteurs, vous trouverez des terrains sans propriétaires. La tentation est grande, dès lors, de considérer les Arabes, tels des Indiens, comme des chasseurs ou des pasteurs…

http://www.sens-public.org/imprimersans.php3?id_article=231

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Age de pierre, âge d’abondance

En réalité, les civilisations en cause sont des civilisations d’abondance, quand c’est la rareté et le travail qui conditionnent l’existence “par-deça”. Le travail, rapporte Thevet, est en réalité un “jardinage” qui occupe “quelque repos de guerre” : “Nos sauvages estant en quelque repos de guerre, n’ont guere autre vacation, que de faire leurs jardins ; et jaçoit que quelques uns d’entre eux facent aucun trafic, si est ce que la necessité les contraint de cultiver la terre pour vivre.” (Cosmo. f 947 v°) Léry : “Le pay s de nos Tououpinambaoults soit capable de nourrir dix fois plus de peuple qu’il n’y en a.” (Léry, p. 139) Staden : Les Tupinamba “ne se partagent pas la terre et ne connaissent pas l’argent : leurs trésors sont des plumes d’oiseaux. Celui qui en a beaucoup est riche ; et celui qui possède une belle pierre à mettre dans ses lèvres passe pour un des plus riches de la tribu.” (op. cit. 196)

“Ils ne sont pas en debat de la conqueste de nouvelles terres, car ils jouyssent encore de cette uberté naturelle qui les fournit sans travail et sans peine de toutes choses necessaires, en telle abondance qu’ils n’ont que faire d’agrandir leurs limites.” (Montaigne I, XXXI, p. 208)

“C’est une nation […] en laquelle il n’y a aucune espece de trafique ; nulle cognoissance des lettres, nulle science de nombres ; nul nom de magistrat, ny de superiorité politique ; nul usage de service, de richesse ou de pauvreté, ; nul contrat ; nulles successions, nuls partages ; nulles occupations qu’oysives […]” (I, XXXI, p. 204)

Des coches :
“… il n’y a pas cinquante ans qu’il [ce monde] ne sçavoit ny lettres, ny pois, ny mesure, ny vestement, ny bleds, ny vignes. Il estoit encore tout nud au giron, et ne vivoit que des moyens de sa mere nourrice.” (886-7)

“…contez, dis-je, aux conquerans cette disparité, vous leur ostez toute l’occasion de tant de victoires.” (888)

Commerce, écriture, numération (l’invention de l’écriture et de la numération sont associées à l’enregistrement des productions et des biens), justice, hiérarchie, héritage, partage : soit accumulation au lieu de consomption, travail au lieu de cueillette ou “jardinage”, negotium au lieu d’otium.



Mosaïque de la Chapelle Palatine (Palerme, XIIe siècle)
INSUDORE VULTUS TUI VESCERIS PANE TUO
“Tu gagneras ton pain à la sueur de ton visage” (Genèse, III, 16-19)


Le jardin d’Eden raconte un âge d’or révolu…
Probablement était-il devenu trop étroit

La révolution néolithique

Le fait que la révolution néolithique se soit produite à peu près en même temps en différents endroits du globe tend à montrer que ce changement de stratégie dans l’acquisition des ressources alimentaires est une réponse à une contrainte environnementale, vraisemblablement une modification du climat. Prenant en charge les processus de reproduction des céréales et de certaines espèces animales, dont le croît naturel constituait leur subsistance, les hommes du dernier paléolithique ont dû modifier leur écologie en conséquence. Le passage, par exemple, de la cueillette du blé amidonnier sauvage à sa culture, à distance de son aire naturelle, dans les zones fertilisées par les alluvions qu'on observe ainsi au Moyen Orient (grâce à l’archéo-palynologie) engage sédentarisation, concentration humaine, sélection des espèces végétales et animales, irrigation, constitution de stocks dès que les moyens de conservation sont disponibles. Dès que l’accumulation est possible et qu’elle a un sens, la concurrence s’installe pour le contrôle des ressources (la nécropole de chasseurs collecteurs stockeurs de graminées sauvages de Jebel Sahaba, en Nubie – c. 8000 – témoigne d’un nombre important de morts violentes) et des moyens de production.

L'épuisement des sols, auquel la technique des proto-agriculteurs n'est pas en mesure de pallier, fait des terres enrichies par les apports naturels de limon un moyen de production particulièrement recherché et oblige les agriculteurs qui en sont exclus à la quête de nouvelles terres – justiciables d'une agriculture extensive, quand les progrès de l'irrigation, de la sélection ou des méthodes d'exploitation assurent des rendements à peu près constants des sols alluvionnaires. Lorsque les capacités d'extension ont, pour une raison ou pour une autre, été atteintes, l'équilibre démographique, la spécialisation et la sujétion sociale – avec son ferment subversif – se mettent en place.

L'accroissement démographique et la stenochôria sont vraisemblablement à l’origine de deux processus complémentaires d’exclusion résultant de la concurrence pour la possession des terres fertiles. L’un d’exclusion horizontale, ou territoriale : d’émigration en vue de la recherche et de la mise en culture de nouvelles terres ; l’autre d’exclusion verticale, ou juridique : fondant un accaparement des moyens de production, une hiérarchie et une spécialisation sociale.

copie :

On observe ainsi au Moyen Orient, grâce à l’archéo-palynologie, le passage de la cueillette du blé amidonnier sauvage à sa culture, à distance de son aire d’expansion, dans les zones naturellement fertilisées par les alluvions.

Un mythe d’origine betsileo rapporte ainsi le processus d’occupation d’une vallée. Plusieurs familles viennent successivement s’y établir, délimitant l’étendue d’espace dont elles feront les rizières pour leur subsistance. Jusqu’à ce que tout l’espace cultivable soit occupé. Arrive une dernière famille qui va s’établir au sommet de la colline, délimitant son territoire, comme ont fait ceux d’en-bas, là où la culture est impraticable. Les habitants de la vallée se moquent, bien entendu, de ces nouveaux arrivants qui comptent subsister dans les rochers… Un homme vient à mourir dans la vallée et les habitants ne savent que faire de son cadavre (qu’il est impensable d’enterrer dans les rizières). Ceux d’en-haut ont le cimetière approprié.

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Cimetière de djebel Sahaba (Nord de l'Ouadi Halfa, Egypte), 58 squelettes y sont ensevelis, la tête vers l'Est, en position fléchie. Une bonne partie d'entre eux sont morts par suite de violences : pointes de flêches en silex enfoncées dans les vertèbres cervicales ou dans les côtes, traces de coups sur d'autres ossements.
Nous commençons, en effet, à trouver alors les traces de massacres collectifs. Par exemple la nécropole de Jebel Sahaba (ou Djebel el Sahaba, act. Sahaba) en aval d'Assouan -proto-Néolithique local : -8 000 - contient une soixantaine de squelettes d’âges et sexes divers, dont 24 portent les traces évidentes de violence (pointes de flèches et/ou sagaies) et dont les autres peuvent avoir été tués par moyens "contondants".

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SOCIÉTÉ 08/02/2010 À 00H00
Polygamies hexagonales
GRAND ANGLE
En France, des milliers de ménages vivent une conjugalité polygame, illégale. Difficultés économiques, tensions entre épouses, logements exigus ou vie «ordinaire» Des familles témoignent.
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Par MARWAN CHAHINE

Ibrahima Diallo a 54 ans. Il vit à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dans un F5 avec ses deux femmes, Aïssata et Djeneba, et leurs 13 enfants. Ibrahima a choisi d’épouser plusieurs femmes «parce que c’est la coutume ; que l’islam l’autorise, mais surtout parce que j’ai beaucoup de plaisir à avoir une très grande famille et plein de monde chez moi».
En plus de la famille, les Diallo reçoivent aujourd’hui des cousins et des amis des enfants, invités à partager le foyo, couscous malien à base de semoule de mil. Chauffeur-livreur, Ibrahima gagne 1 500 euros par mois, auxquels viennent s’ajouter 1 000 euros d’allocations familiales. «C’est parfois difficile, mais j’assume mon choix», assure-t-il. L’homme parvient même à mettre un peu de côté pour son village au Mali, où vit une troisième femme, la veuve de son frère, qu’il a épousée par tradition mais avec laquelle il n’a pas d’enfant. Ibrahima n’ignore pas que la question des allocations est épineuse. A ses yeux, elle constitue la raison principale pour laquelle la polygamie est interdite en France : «Quand je suis né, le Mali était français et ça n’embêtait personne qu’on épouse plusieurs femmes.»
Inquiétudes et fantasmes
Une grande majorité des polygames vivant en France sont originaires de ce pays, d’autres viennent du Sénégal ou de la Mauritanie, très peu du Maghreb. Contrairement à ses épouses, Ibrahima n’a pas la nationalité française.
Affable et chaleureux, l’homme élude les questions lorsqu’on évoque la place et la liberté des femmes dans un ménage polygame. Aïssata, sa première épouse, fait une moue ironique quand son mari assure qu’il lui a demandé son avis avant de se remarier. La deuxième épouse, Djeneba, n’habite plus l’appartement. En théorie. Dans les faits, après avoir divorcé afin de se conformer à la loi et obtenir des papiers, Djeneba, qui vit à proximité, continue à venir très régulièrement et a gardé sa chambre. Ibrahima alterne quotidiennement les nuitées entre ses deux femmes. «Il est normal que ce soit l’homme qui se déplace et non l’inverse, explique-t-il. C’est pour ça que ça se passe bien chez nous.» En plus de l’équité, le devoir de subsistance est une des conditions sous lesquelles l’islam autorise la polygamie.
Dounama, 25 ans, fils aîné de la fratrie tempère un peu le tableau idyllique de son père, mais reste positif. Certes, enfant, il a essuyé des moqueries ; l’appartement n’est pas le lieu idéal pour faire ses devoirs ; l’arrivée de sa belle-mère alors qu’il avait 8 ans n’a pas été évidente, mais, avec du recul, Dounama juge que cela ne l’a pas entravé dans son développement : «Ce qu’on perd en affection, on le gagne en sens du partage et de la collectivité.» Aujourd’hui employé de la Poste, il aide financièrement sa famille ; «par choix», précise-t-il. Pour expliquer le bon fonctionnement du ménage, il loue «le goût du dialogue de [son] père et le courage de [ses] mères». Doumana ne souhaite pas imiter le modèle familial et établit une distinction nette entre «la culture africaine et polygame de mon père et ma culture française monogame». «C’est une famille où il n’y a pas plus de problèmes que dans des familles monogames dans la même situation sociale, estime pour sa part Geneviève Muscat, responsable associative, qui a longtemps côtoyé les Diallo. Une des clés de la réussite est sans doute que les femmes sont bien intégrées. Elles ont suivi des cours d’alphabétisation, participent aux activités de quartier et sont attentives à l’évolution des mômes.»
Mais la polygamie - ou plus précisément la polygynie (situation d’un homme ayant plusieurs épouses), inverse de la polyandrie - ne se vit pas toujours aussi bien. L’Institut Montaigne, think-tank de tendance libérale, a récemment publié une note alarmiste sur la question. Son auteure, Sonia Imloul, fondatrice de l’association Banlieue 93 et militante du Nouveau Centre, y soumet dix propositions pour combattre la polygamie qu’elle juge potentiellement dangereuse «pour l’organisation sociale et destructrice pour les enfants et les femmes qui la subissent». Le sociologue Christian Poiret - auteur de la thèse les Familles africaines en France - nuance. Selon lui, même si beaucoup de situations sont difficiles, «la note de Sonia Imloul ne sort pas d’une logique victimisante et ne prend pas en compte la complexité des vécus». Constat semblable de Mamadou Diarra, médiateur éthnoclinicien au centre Georges-Devereux, qui reçoit de nombreux enfants de migrants : «La polygamie n’est pas, en soi, traumatisante pour les enfants. Cela dépend beaucoup de la relation entre les épouses et des conditions socio-économiques de la famille.»
En France, la polygamie nourrit des inquiétudes, parfois des fantasmes. Pendant les émeutes de 2005, Bernard Accoyer, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale, voyait dans la polygamie «certainement une des causes des violences urbaines». Pour Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, c’était une des raisons pour lesquelles un Africain s’intégrait «moins bien qu’un Hongrois». L’historienne Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuelle de l’Académie française, avait pour sa part expliqué les émeutes à la télévision russe : «Beaucoup de ces Africains sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues.»
«Donner à penser que les problèmes actuels des banlieues seraient directement liés à la polygamie est gênant, voire insupportable», avait alors répondu le maire socialiste d’Evry, Manuel Valls. Même ses plus ardents détracteurs reconnaissent que la polygamie ne saurait être à l’origine des maux français. Lui-même fils de polygame, Jean-Marie Ballo, préside l’association de médiation culturelle Nouveau Pas aux Ulis (Essonne). Il porte un jugement très sévère sur ce qu’il considère «comme un archaïsme, qui ne relève pas même de la culture mais de la simple pratique coutumière et réduit la femme au rôle d’objet». Cet ancien éducateur sportif admet cependant que le phénomène, «même s’il peut être un facteur aggravant», reste marginal.
Une étude de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) parue en 2006 estime qu’il y aurait entre 16 000 et 20 000 familles polygames résidant en France, en situation régulière ou non, soit environ 180 000 personnes (0,28% de la population française). Parallèlement à sa note, Sonia Imloul, qui s’appuierait sur des estimations policières, a chiffré à 500 000 le nombre de personnes concernées. «Un chiffre fantaisiste», pour le sociologue Christian Poiret qui juge «impossible de quantifier un phénomène complexe où la mobilité est telle que les écarts sont trop grands pour être significatifs». En effet, un ménage polygame est souvent éclaté entre la France et le pays d’origine.
La «décohabitation»
Le droit français n’a jamais autorisé le mariage avec plusieurs femmes mais, entre 1980 et 1993, un arrêt du Conseil d’Etat a permis le regroupement familial pour les ménages polygames. Les lois Pasqua de 1993 ont mis fin à cette jurisprudence. Pour être en règle, les épouses secondaires doivent donc divorcer et quitter le foyer : c’est la «décohabitation». Cette pratique est soutenue par des municipalités et des associations féminines d’aide car elle peut permettre aux femmes de s’affranchir. Elle n’est pourtant pas sans poser problème.
Après quinze ans de mariage comme deuxième épouse, Mariam a divorcé. Un choix fait pour obtenir des papiers mais aussi parce que la situation n’était plus vivable. Avec les enfants de la première épouse, ils étaient 15 à loger dans un F3 à Saint-Denis, dans un esprit tendu où des clans s’étaient formés. «Un seul W.-C. pour tout le monde, ça n’est pas possible !» dit-elle avec humour pour résumer cette douloureuse période. Mais le divorce n’a pas été synonyme de libération immédiate. Pendant trois ans, sans véritable autonomie financière, maîtrisant mal le français, Mariam a vécu à l’hôtel dans les Hauts-de-Seine tout en continuant à amener quotidiennement ses enfants à l’école en Seine-Saint-Denis, avec l’espoir d’un dénouement rapide. Et une grande culpabilité lorsque les petits réclamaient leur père. Aujourd’hui, Mariam a des papiers et habite un F5 avec ses 6 enfants. Les rapports avec son ancien mari se sont apaisés. Il leur rend visite, de temps en temps. Mariam a envisagé de refaire sa vie avec quelqu’un d’autre mais y a renoncé face à la pression de ses enfants. Plus sereine, elle n’en reste pas moins marquée par son expérience : «Si j’avais su que ça se passerait comme ça, je serais restée au Mali.»
Dans ses démarches, Mariam a été accompagnée par l’association des femmes relais de Bobigny et sa présidente, Fanta Sangare. Cette assistante sociale est d’autant plus sensible aux problèmes liés à la polygamie qu’elle l’a elle-même vécue. Encore étudiante au Mali, elle est mariée à un homme de dix ans son aîné. Jeune mais instruite, Fanta exige un mariage monogamique, le code civil malien offrant les deux options. Le mari, haut fonctionnaire, accepte mais se ravise au dernier moment car, dit-elle, «un homme a besoin de montrer qu’il a des couilles, qu’il domine». «J’ai terminé mes études et je suis devenue institutrice avant que nous cohabitions mais, entre-temps, il s’était entiché d’autres femmes. Nous avons eu cinq enfants ensemble, mais je n’ai jamais accepté la situation et j’ai fait vivre un enfer à mes coépouses.» En 1991, Fanta décide de fuir avec ses deux plus jeunes enfants pour la France, où vit son père. Le vieil homme, très pieux et attaché aux traditions, l’exhorte à rentrer au Mali. De retour au pays, Fanta engage une procédure de divorce. Elle revient en France, seule, et commence à s’investir dans des associations de femmes. Elle obtient le divorce en 1996 et la garde des enfants en 2000, malgré des menaces de mort de son ex-mari.
«Simple rideau»
De son histoire, Fanta tire un engagement ferme contre la polygamie. «Si ça peut être supportable au Mali, dans un système traditionnel où chaque femme a un espace privé, c’est très difficile en France en raison notamment de la forme de l’habitat : comment voulez-vous qu’une femme garde sa dignité quand elle n’est séparée de sa coépouse que par un simple rideau ?» s’emporte-t-elle. Malgré son ressentiment, elle s’efforce de nouer des liens avec les maris polygames et de ne pas juger les femmes qui s’accommodent de la situation : «Elles sont tellement courageuses !»
Cet article a reçu le prix René-Mauriès, qui recompense chaque année un étudiant en journalisme.

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La perte / disparition / rétraction / du Paradis semi-tropical : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.

travail…

Il y a travail parce qu’il y a concurrence. Le jardin d’Eden est derrière nous. La malédiction

John Locke : uneasiness : l'inquiètude vitale...

Ishi

"En 1849, année de la ruée vers l'or, les Yana de la Californie du Nord étaient plus de deux mille. Vingt et un ans plus tard, en 1870, ils sont exterminés. Une quinzaine d'entre eux, toutefois, de la sous-tribu yahi, disparaissent pour vivre une terrible vie clandestine qui durera trente-huit ans.
"Le 10 novembre 1908, des ingénieurs, en cours d'étude d'un barrage, découvrent pas hasard un village caché dans le chaparral – le maquis californien – et mettent en fuite ses quatre habitants, derniers survivants des Yahi. Ishi, l'un d'entre eux, continue à vivre entièrement seul, dans le plus grand dénuement, jusqu'ua 29 août 1911, date à laquelle, à bout de forces et désespéré, il se rend à la civilisation.
"Ishi entre dans notre vie à tous à l'aube du 29 août 1911, par la cour d'un abattoir. Le brusque aboiement des chiens tire les bouchers de leur sommeil. Dans le jour qui se lève, on distingue un homme traqué, tapi contre la barrière du corral. C'est Ishi.

Extrait de la 4e de couverture et de la page 13 de Ishi de Theodora Kroeber, trad. fr. Plon, Presses Pocket,1968.



La valeur

Potosi Historia, mai 2006, n° 713

Ce grand tableau (2,50 x 1,80 m) peint par Gaspar Miguel Berrio en 1758 (Musée Charcas, à Sucre), décrit avec précision la situation géographique, politique et sociale de ce que fut le plus grand centre minier d'Amérique : on y voit les différentes routes qui partaient de Potosí vers Buenos Aires, le Chili, Cuzco au Pérou... et qu'empruntaient les caravanes de lamas et de mulets chargés de sacs remplis de pièces d'argent. On y distingue, à gauche, les quarante-trois barrages de lacs artificiels construits par 20 000 Indiens en cinquante ans et dont l'eau faisait tourner une centaine de moulins de fonte ; les ingenios ou lavoirs pour l'argent (à droite), et, au coeur de la ville, les vingt-sept églises. Sur le flanc de la montagne, les drapeaux blancs de la procession de la Vierge de la Merced, protectrice des mineurs.
L’or symbolise cette opposition
Montaigne : nul, nul, nul…


Il résume l’histoire de l’Europe.

Parenté / possession :
Montaigne
“Ils s’entr’appellent generalement, ceux de mesme aage frere ; enfans ceux qui sont au dessoubs ; et les vieillards sont peres à tous les autres. Ceux-cy laissent à leurs héritiers en commun cette pleine possession de biens par indivis, sans autre titre que celuy tout pur que nature donne à ses creatures, les produisant au monde. Si leurs voisins passent les montaignes pour les venir assaillir, et qu’ils emportent la victoire sur eux, l’acquest du victorieux, c’est la gloire, et l’avantage d’estre demeuré maistre en valeur et en vertu ; car autrement ils n’ont que faire des biens des vaincus.” (I, XXXI, p. 208-09)

Montaigne :

“c’est que l’usage de la monnoye estoit entierement inconneu, et que par consequent leur or se trouva touva tout assemblé, n’estant en autre service que de montre et de parade, comme un meuble reservé de pere en fils par plusieurs puissants Roys, qui espuisoient toujours leurs mines pour faire ce grand monceau de vases et statues à l’ornement de leurs palais et de leurs temples, au lieu que nostre or est tout en emploite et en commerce […] Imaginons que nos Roys amoncelassent ainsi tout l’or qu’ils pourroient trouver en plusieurs siècles, et le gardassent immobile.” (III, 6, p. 892)

La valeur même de la monnaie fait question :
“On ne regarde plus ce que les monnoyes poisent et valent, mais chacun à son tour les reçoit selon le pris que l’approbation commune et le cours leur donne. On ne plaide pas de l’alloy, mais de l’usage : ainsi se mettent également toutes choses.” (II, 12…)
Divorce entre la valeur nominale et le cours.

Les lois somptuaires qui visent à réglementer l’usage des métaux précieux (et des étoffes) qui appauvrissent la balance monétaire et sont retirés de la circulation.

Cette inexploitation et cette inactivité qui justifie aux yeux des fermiers, l’appropriation des terres et la mise en esclavage des hommes.

L’expansion des Européens sur les terres “inexploitées” ou “vierges” a pour leitmotiv ce constat d’un usage inapproprié des métaux précieux...
friche des moyens de production.

C’est l’antique opposition des chasseurs-cueilleurs et des paysans néolithiques.

C’est l’analyse de philosophes de cabinet contre celle de voyageurs, jeunes, le plus souvent (Léry a « environ 22 ans » écrit-il quand il s’embarque pour le Brésil, Tocqueville 25 ans quand il entreprend son voyage en Amérique.)

A quoi sert la liberté :
Dans le Code Noir :
Art. 59.
Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ; voulons que le mérite d'une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets.

Bourbon :
Delabarre de Nanteuil, Législation de l’Île Bourbon, répertoire raisonné, Paris, 1844
“L’institution de l’esclavage remonte à l’enfance de la Colonie.” (89)
“Il est reconnu que les Européens ne peuvent sans danger pour leur existence, se livrer à la culture des terres sous la zone torride, et que les noirs seuls peuvent y être employés, principalement ceux qui habitent les pays les plus rapprochés de l’équateur.
L’esclavage existait à Madagascar ; le voisinage de cette île rendit alors facile l’introduction des Noirs à Bourbon.”
DN cite alors une « Statistique de Bourbon » établie par un certain M. Thomas, ayant résidé dans l’île de 1818 à 1824 :
“L’homme ne travaille que pour satisfaire à ses besoins et aux projets de son ambition. Le noir ne connaît pas l’ambition et n’a que très peu de besoins. Abandonné à sa volonté, il ne fait rien ; sa vie n’est qu’un long repos entrecoupé de rares instants d’activité. Il faut, pour sortir de cette inertie, qu’il soit forcé au travail et l’on n’y parvient qu’en lui imposant une entière soumission aux ordres d’autrui.
[…]
L’esclavage est dans les colonies françaises une domesticité viagère, tandis qu’en France la domesticité est un esclavage annuel et temporaire. Voilà sa véritable définition.” (90)

« Il serait difficile de concevoir un régime plus doux et plus ferme en même temps. Les maîtres sont aimés, parce qu’ils sont justes […]
certains articles de l’édit de 1685, vulgairement appelé le Code noir, sont inconnus à Bourbon et n’y ont jamais reçu d’exécution : ce qui autorise à penser, dirai-je ici, qu’on connaît bien moins en France que dans les colonies le régime intérieur qui convient à celles-ci.” (113)

John Calhoun

La liberté se mérite.... "It follows from what has been stated, that is a great and dangerous error to suppose that all people are equally entitled to liberty. It is a reward to be earned, not a blessing to be gratuitously lavished on all alike – a reward reserved for the intelligent, the patriotic, the virtuous and deserving, and not a boon to be bestowed on a people too ignorant, degrated, and vicious to be capable either of appreciating or of enjoying it." (p. 42-43).
John Caldwell Calhoun (1782-1850) A Disquisition on Government, 1995, Shannon C. Stimson, Hackett Company, Indianapolis.

“Ceux qui devancent les autres par la prudence et par la raison, même s’ils ne l’emportent pas par la force physique, ceux-là sont par nature même les seigneurs ; par contre les paresseux, le esprits lents, même s’ils ont les force physiques pour accomplir toutes les tâches nécessaires, sont par nature des serfs. Et cela est juste et utile qu’ils soient serfs, et nous le voyons sanctionné par la loi divine elle-même […] Et s’ils se refusent à cet empire [des princes et des nations plus cultivés et plus humains], on peut le leur imposer par le moyen des armes et cette guerre sera juste, ainsi que le déclare le droit naturel…”
en 1550 à Valladolid, Las Casas v. Sepulveda

Proverbes

édition numérique par Jean-Marie Weber et www.JesusMarie.com.
http://www.jesusmarie.com/bible_crampon_proverbes.html

Chapitre 1.

1 Proverbes de Salomon, fils de David, roi d'Israël :
2 pour connaître la sagesse et l'instruction ; pour comprendre les discours sensés ;
3 pour acquérir une instruction éclairée, la justice, l'équité et la droiture ;
4 pour donner aux simples le discernement; au jeune homme la connaissance et la réflexion.
5 Que le sage écoute, et il gagnera en savoir ; l'homme intelligent connaîtra les conseils prudents,
6 il comprendra les proverbes et les sens mystérieux, les maximes des sages et leurs énigmes.
7 La crainte de Yahweh est le commencement de la sagesse ; les insensés méprisent la sagesse et l'instruction.

--Respect des bornes.--

10 Ne déplace pas la borne antique, et n'entre pas dans le champ des orphelins.
11 Car leur vengeur est puissant: il défendra leur cause contre toi.

--Contre la gourmandise.--

19 Ecoute, mon fils, et sois sage; dirige ton coeur dans la voie droite.
20 Ne sois pas parmi les buveurs de vin, parmi ceux qui se gorgent de viandes ;
21 car le buveur et le gourmand s'appauvrissent, et la somnolence fait porter des haillons.

--Respect des bornes.--

28 Ne déplace pas la borne ancienne, que tes pères ont posée.

-- Succès dans le travail.--

29 Vois-tu un homme habile dans son ouvrage ? Il demeurera auprès des rois, il ne demeurera pas auprès des gens obscurs.

«Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, rien de ce qui est à lui» (Exode, XX, 17).

Platon : République V, 461d :
Il instaure une parenté classificatoire… et mariage par tirage au sort.
Cf Praxagora dans la comédie d’Aristophane : (635-7)

Il n’est pas de sot métier, il n’est que de sottes gens…
Touche à tout, bon à rien ;
Trente-six métiers, trente-sept misères…

Qui terre a guerre a (c'est une paronomase...) Qui rien a pis a...

La division du travail et l'émulation : Antoyne de Montchrétien
p. 34-35
"En ce travail public divisé en tant d'arts et de métiers, on doit principalement faire observer une chose à vos sujets, de ne le mélanger et diversifier point tant en une seule main. Les Allemands et les Flamands sont plus imitables, qui ne s'emploient volontiers qu'à une besogne. Ainsi s'en acquittent-ils lieux : où nos Français voulant tout faire sont contraints de faire mal." (p. 51-52)

Si diverses que soient les professions, elles sont toutes solidaires et dignes d'honneur "tous ensemble font cette merveilleuse chaîne d'or à plusieurs anneaux entrelacés, qui remue et attire à soi toutes les choses d'ici-bas." (p. 18-19)

"L'émulation est en toutes choses un grand aiguillon à bien faire." (p. 51)
Traicté de l'œconomie politique dédié au Roy et à la Reyne Mere du Roy, par Antoyne de Montchrétien, sieur de Vateville, Rouen, 1615.

Darfour ou Rwanda (-) versus Victimes du Tsunami (+) :
C’est «eux » et « nous » : les victimes du tsunami appartiennent à des sociétés stratifiées (!?)

Dans Alternatives économiques :

Le 1er partage du monde :
Carte de Cantino, 1502.

L’atlas major, 1662, de Johannes Blaeu.

(réveil) Le marxisme est d’autant mieux adapté à ces sociétés non stratifiées qu’il y existe déjà…

Stratification

Gautier et Froidevaux prennent aussi appui sur le manuscrit qu'ils publient et sur le destin singulier de La Case pour proposer une réflexion sur la colonisation française et sur les raisons de l'échec de la colonie de Fort-Dauphin, dont voici la conclusion : "On touche du doigt le germe de décadence que notre établissement à Fort-Dauphin portait en lui-même. Il a échoué parce que Madagascar ne pouvait payer ses frais de colonisation, dans un siècle qui n'avait pas, au même degré que le nôtre les énormes accumulations de capitaux et de ressource qui permettent les longues patiences. Il a échoué pour la même raison qui fit que les Portugais, les Hollandais et les Anglais, commerçants mieux renseignés, touchèrent à la côte malgache sans s'y fixer, et allèrent chercher en Extrême-Orient les vieux pays surpeuplés, riches et rémunérateurs." (p. 15)

Code noir

A quoi sert la liberté…

[Art. 1.
Voulons que l'Édit du feu Roi de glorieuse mémoire, notre très honoré Seigneur et Père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nos îles ; ce faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser de nos dites îles tous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemis déclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois à compter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation de corps et de biens.]

Art. 57.
Déclarons leurs affranchissements faits dans nos îles, leur tenir lieu de naissance dans nos dites îles et les esclaves affranchis n'avoir besoin de nos lettres de naturalité pour jouir des avantages de nos sujets naturels de notre royaume, terres et pays de notre obéissance, encore qu'ils soient nés dans les pays étrangers.
Art. 58.
Commandons aux affranchis de porter un respect singulier à leurs anciens maîtres, à leurs veuves et à leurs enfants, en sorte que l'injure qu'ils leur auront faite soit punie plus grièvement que si elle était faite à une autre personne : les déclarons toutefois francs et quittes envers eux de toutes autres charges, services et droits utiles que leurs anciens maîtres voudraient prétendre tant sur leurs personnes que sur leurs biens et successions en qualité de patrons.
Art. 59.
Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ; voulons que le mérite d'une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets.

Revoir : Il faut se battre pour la constitution :
conditions démographiques
relation entre la stratification, l’individualisme, l’incroyance et la démocratie…

Aristophane et l’accumulation v. le plat de lentilles…

Invocation Ibo (dans Things fall apart, 1959) :
« Nous ne demandons pas la richesse parce que celui qui a la santé et les enfants aura la richesse. Nous ne prions pas pour avoir de l’argent mais pour avoir plus de parents. Nous sommes meilleurs que les bêtes, parce que nous avons des parents. Une bête, quand son flanc la démange, se frotte contre un arbre, tandis qu’un homme appelle un parent pour le gratter. »

Stokely Carmichael : « Au début nous avions la terre, ils avaient la Bible. Aujourd’hui, ils ont la terre, nous avons la Bible. »

Hegel, de Pauw
L’étonnement des « sociétés froides »…
La dot et la stratification.

Les deux figures antithétiques du « bon sauvage » et de la « brute épaisse » pointent la même « originalité » : l’absence de différenciation sociale.

Il semble que ce qui saute aux yeux des anciens voyageurs nous soit beaucoup plus difficilement perceptible : nous voyons les sociétés traditionnelles, certes contaminées par nous, avec la nostalgie d’un âge d’or perdu ou à travers le prisme d’un égalitarisme rêvé. Dans le premier cas, l’absence de différenciation sociale disparaît derrière l’insouciance supposée ; dans le second, les figures du pouvoir et de la religion nous apparaissent comme autant de formes d’oppression et d’ignorance. L’anthropologie sera révolutionnaire ou ne sera pas ; le terrain est un paradis en souffrance.

De Pauw :
« Il doit exister dans l’organisation des Américains une raison quelconque qui hébète leur sensibilité et leur esprit » (Laplantine : 38)
(Ce « génie abruti des Américains »… « Enfin les Californiens végètent plutôt qu’ils ne vivent, et on est tenté de leur refuser une âme. » « La nature a tout ôté à un hémisphère de ce globe pour le donner à l’autre. »)

L’idéal du communisme dans une société stratifiée.
La malheureuse et fameuse première phrase de la Critique de la raison dialectique – qui est aussi son épitaphe – : le marxisme est la philosophie indépassable de notre temps, exprime l’impossible et l’indépassable mariage de la morale et de la politique, de l’égoïsme de la stratification et de l’altruisme/fraternité de l’humanité.
La phrase de Lévinas : le communisme c’est la morale appliquée à la politique.
(Un jugement de Lévinas au journal télévisé de midi – on l’a invité pour présenter la réédition d’un ouvrage – au passage, à propos de l’intervention israélienne au Liban : Elle est dure, mais elle est juste.)

Ça ne peut pas prendre…

Joseph Conrad

Son expérience congolaise date de 1890. Le roman, The Heart of Darkness, est publié en 1899 (cité dans une édition bilingue, Lgf/Le Livre De Poche, 1993).

26 février 1885 : Conférence de Berlin.

p. 211 À l’origine, Kurtz avait été élevé en partie en Angleterre et, ainsi qu’il eut la bonté de le préciser, ses sympathies allaient là où il le fallait. Sa mère était à moitié anglaise et son père à moitié français. Toute l’Europe a contribué à l’élaboration de M. Kurtz. Et peu à peu j’ai appris que tout naturellement, la « Société Internationale pour l’Abolition des Coutumes Barbares » lui avait demandé un rapport, pour orienter sa conduite dans le futur.

p. 123 Que voulais-je de plus ? Ce que je voulais en réalité, par Dieu, c’étaient des rivets ! Des rivets. Pour avancer le travail, pour colmater le trou. Je voulais des rivets. Il y en avait des caisses pleines sur la côte, des caisses empilées, éclatées, fendues ! […] Il suffisait de se baisser pour s’en remplir les poches ! Mais il n’y avait pas un seul rivet là où le besoin s’en faisait sentir. […] Et plusieurs fois par semaine une caravane arrivait de la côte avec des marchandises négociables : des calicots satinés tellement laid qu’on frémissait rien qu’à les regarder, de la verroterie qui valait bien deux sous le kilo, d’horribles mouchoirs de coton à pois. Mais pas de rivets.
(voir la caisse de boulons de Lenfant)

p. 121 M. Kurtz était un « génie universel », mais même un génie verrait avantage à travailler avec des « outils adéquats : des hommes intelligents ».

p. 29 La plupart des marins mènent, si l’on peut dire, une vie sédentaire. Ils ont l’esprit casanier et ils emportent partout leur maison avec eux : le navire.

p. 35 La conquête de la terre, qui signifie le plus souvent qu’on en dépouille ceux qui n’ont pas la même couleur ou qui ont le nez un peu plus aplati que nous, n’a rien de très joli quand on y regarde de trop près. Il n’y a pour la racheter que l’idée. Une idée derrière la conquête ; non pas une feinte sentimentalité, mais une idée ; et une fois désintéressée en l’idée, ce que vous placez au-dessus de vous, devant uquoio vous pouvez vous incliner et à quoi vous pouvez offrir un sacrifice…

p. 65 Nous nous sommes encore arrêtés en des endroits aux noms grotesques où la joyeuse ronde de la mort et du commerce se poursuit dans une atmosphère torride et terreuse comme celle d’une catacombe surchauffée.

p. 73 La loi outragée leur était tombée dessus : mystère insoluble en provenance de la mer.

Id. Après tout, j’appartenais aussi à la grande cause de ces nobles et justes procédés ?

p. 75 Mais là, sur ce flanc de colline, je sus que, sous le soleil aveuglant de cette terre, j’allais faire la connaissance d’un autre démon, inconsistant, prétentieux, l’œil terne, le démon d’une folie avide et sans pitié.

p. 85 Et sans concentration, il est extrêmement difficile d’éviter les erreurs d’écriture sous ce climat.

p. 97 Un jour, alors que presque tous les « agents » du poste avaient été anéantis par diverses maladies tropicales, on l’avait entendu déclarer : « Les hommes qui viennent ici ne devraient pas avoir d’entrailles ».

p. 103 Le mot « ivoire » résonnait dans l’air, se murmurait et se soupirait. On eût dit qu’ils lui adressaient leurs prières. Un relent de rapacité imbécile soufflait sur tout cela, tel un effluve de charogne. Par Dieu, je n’ai jamais rien vu d’aussi irréel de toute ma vie ! Et à l’extérieur, autour de cette minuscule parcelle de terre défrichée, l’immensité sauvage et silencieuse me faisait l’effet d’une grandeur invincible, comme le mal ou la vérité, attendant patiemment que disparaisse cette étrange invasion.

p. 117 Étions-nous capables de venir à bout de cette chose muette, ou bien viendrait-elle à bout de nous ? Je ressentis combien elle était vaste, bigrement vaste, cette chose qui ne pouvait parler et qui était peut-être également sourde. Que renfermait-elle ? Je voyais bien qu’il en sortait un peu d’ivoire, et j’avais entendu dire que M. Kurtz s’y trouvait.

p. 133 Ce groupe d’enthousiaste se présentait comme l’Expédition d’Exploration Eldorado. Et je crois bien qu’ils étaient tenus par serment au secret. […] Tout ce qu’ils voulaient c’était arracher ses trésors aux entrailles du pays et il n’y avait chez eux pas plus de préoccupation morale qu’il n’y en a chez des voleurs qui fracturent un coffre.

p. 153 Le vapeur passait lentement tout près d’une frénésie noire et incompréhensible. L’homme préhistorique nous maudissait, ou encore nous offrait une prière ou la bienvenue, qui sait ?
Nous étions coupés de tout, incapables des comprendre ce qui nous entourait. Nous glissions sur l’eau tels des fantômes , étonnés et secrètement terrifiés comme le seraient des hommes sains d’esprit confrontés à une explosion d’enthousiasme chez des fous. Nous ne pouvions pas comprendre parce que nous étions trop loin pour nous souvenir, parce que nous voyagions dans la nuit des premiers âges, de ces âges qui ont disparu en ne laissant presque pas de traces et aucun souvenir.
La terre n’était plus la terre. Elle nous offre habituellement le spectacle d’un monstre entravé et vaincu, mais là-bas elle restait monstrueuse et libre. Ce n’était plus la terre et les hommes… Non, ils n’étaient pas inhumains. Eh bien, c’était ça le pire, finalement ; qu’ils ne soient pas, en fait, inhumains. […] Que disait ce bruit après tout ? La joie, la peur, le chagrin ; la dévotion, la valeur, la rage, qui peut savoir ? Il disait en tout cas la vérité, la vérité libérée des oripeaux du temps.

p. 157 Pourquoi ne suis-je pas descendu à terre me joindre aux hurlements et à la danse ? C’est vrai, je ne l’ai pas fait.

p. 207 Vous auriez dû l’entendre dire : « mon ivoire » ! Oh oui, jel’ai entendu : « Ma Promise, mon ivoire, mon poste, mon fleuve, mon… » Tout lui appartenait. Je retenais mon souffle, certain que la nature sauvage allait faire entendre un éclat de rire prodigieux qui secouerait les étoiles immobiles sur leur axe.

p. 277 « J’avais d’immenses projets » marmonna-t-il, irrésolu.

p. 293 Une image, une vision le fit crier à voix basse et à deux reprises un cri qui n’était guère plus qu’un soupir : « Cette horreur ! cette horreur ! »

Americo Vespucci Mundus Novus (1503) :

"Ils n'ont de vêtements ni de laine, ni de lin, ni de coton, car ils n'en ont aucun besoin ; et il n'y a chez eux aucun patrimoine, tous les biens sont communs à tous. Ils vivent sans roi ni gouverneur, et chacun est à lui-même son propre maître. Ils ont autant d'épouses qu'il leur plaît et le fils vit avec la mère, le frère avec la sœur, le cousin avec la cousine, et chaque homme avec la première femme venue. Ils rompent leurs mariage aussi souvent qu'ils veulent et n'observent à cet égard aucune loi. Ils n'ont ni temples, ni religion et ne sont pas des idolâtres. Que puis-je dire de plus ? Ils vivent selon la nature."

Le rapt d'Europe : C'est celui du matérialisme appliqué au processus de différenciation sociale – ce qui n'engage pas l'adoption d'un modèle culturel particulier, sauf quant aux formes minimales de ce processus. Si ce processus est déjà existant, le "progrès" (l'émergence économique) n'est une question de temps, d'assimilation de la technique par les voies de la formation. Les délocalisations sont l'école de cette libération économique...

On adapte donc – et l'on conserve et cultive son identité.

Deux conditions sont requises pour l'adoption de la technique : il faut que la société en cause soit stratifiée (ce qui exclut les sociétés à l'agriculture extensive) et il faut que la religion ouvre l'espace économique (ce qui exclut les sociétés musulmanes)

HUGO :

Après le massacre de la Commune, la question sociale n'est plus d'actualité. Les dirigeants de la IIIe République se préoccupent bien davantage d'expansion coloniale. Toujours en phase avec la bourgeoisie de son temps, Victor Hugo lance, le 18 mai 1879, à l'occasion d'un banquet commémorant l'abolition de l'esclavage : «Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l'industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes; croissez, cultivez, colonisez, multipliez».

C'est l'"exportation des pauvres" pratiquée par les Grecs, les clérouquies, voir Platon...

Joseph Chamberlain, a soutenu la thèse de la nécessité économique de l’impérialisme :

« Hier, j’ai assisté à une réunion de chômeurs à Londres et après avoir écouté les discours virulents qui n’étaient ni plus ni moins qu’un cri pour demander du pain, je suis rentré chez moi plus que jamais convaincu de l’importance de l’impérialisme... Ce qui me préoccupe avant tout c’est la solution du problème social. Par cela j’entends que si l’on veut épargner aux quarante millions d’habitants du Royaume-Uni les horreurs d’une guerre civile, les responsables de la politique coloniale doivent ouvrir de nouveaux territoires à l’excédent de population et créer de nouveaux marchés pour les mines et les usines. J’ai toujours soutenu que l’Empire britannique était pour nous une question d’estomac. Si l’on veut éviter une guerre civile, il faut devenir impérialiste [12]. » (Dans Gollwitzer, op.cit.,p. 136. Cité par Lénine d’après Die Neue Zeit, XVI, 1, 1898, p. 304.)

Ploutos d'ARISTOPHANE : Pourquoi la Richesse est aveugle :

"Car si Ploutos recouvrait la vue et se partageait entre tous également, il n'y aurait plus ni art chez les hommes ni industrie exercée par personne : ces deux choses une fois abolies, qui voudra être forgeron, construire des vaisseaux, coudre, être charron, cordonnier, briquetier, blanchisseur, tanneur ? Qui voudra

Du sol avec le soc briser la croûte dure
Pour récolter les fruits que Déô nous procure,

S'il vous est permis de vivre oisif sans vous soucier de tout cela ?

cf. Plaute : Stichus, II, 24 : Paupertas artes omnes perdocet ubi quem attigit....

(Une deuxième vague d'expansion coloniale, conséquence de la première, avec la révolution industrielle et la croissance démographique de l'Europe, permettra d'"exporter les pauvres" – sous-produits du "progrès" – de peupler et d'exploiter les ressources des continents "vierges" et d'ouvrir de nouveaux marchés.)

FIN du chapitre 8

Plan du chapitre 8 :

III - 8.1 Introduction
III - 8.2 Maîtrise technique et maîtrise politique : l’assimilation
III - 8.3 “Levi’s, Lacoste, Lénine” : la dialectique des “3 L”
III - 8.4 Le retournement : les limites de la foi
III - 8.5 Malaise civilisateur, aise de l’homme sauvage : la subjectivité de l’homme objectif
III - 8.6 Une aptitude néo-corticale à créer un monde hors du monde
III - 8.7 L’original et son cadre
III - 8.8 Renoncer à la vérité
III - 8.9 L’invention est un jeu d’enfant
III - 8.10 “Il y a de la superstition à ne pas croire à la superstition”
III - 8.11 Leçon de l’objectivité
III - 8.12 La découverte de l’autre homme
III - 8.16 Aux origines de l'anthropologie





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