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anthropologie du droit
ethnographie malgache

présentation
3 Éléments d'Ethnographie Réunionnaise
Mots clés : Créolité Ancestralité Citoyenneté Départementalisation Patrimoine
Champs : Anthropologie du développement Anthropologie de l'image Patrimoine
Sociétés créoles Histoire postcoloniale Sociologie des institutions


1- Vingt ans après

2- Barreaux (en construction)
architecture créole

3- "Types de la Réunion" (en construction)
(don à la Société de Géographie du 6 novembre 1885)

4- Ancestralité, communauté, citoyenneté :
les sociétés créoles dans la mondialisation (dossier pédagogique)

5- Madagascar-Réunion :
l'ancestralité (dossier pédagogique)

6- Ethnographie d'une institution postcoloniale...


introduction : éléments d'analyse
présentation thématique
liste chronologique

Il est indispensable d'opérer une sélection
à l'entrée du D.E.A. "Lettres et Sciences sociales"


le 1er décembre 1995


B. C.
département d'Ethnologie
à

[N10]
responsable du D.E.A.
“Lettres et Sciences sociales”
de la Faculté des Lettres


Cher Collègue,

Je dois t’aviser que la réponse des étudiants de D.E.A. à la règle d’assiduité rappelée dans ta circulaire du 15 novembre a été, ce mercredi, malgré la protestation d’un petit nombre, de ne pas signer (et de subtiliser) la feuille d’émargement qui avait circulé normalement les séances précédentes.

Le contrôle d’assiduité partait d’une bonne idée, celle de s’assurer d’un minimum d’effort consenti par les étudiants - à tout le moins d’un minimum de présence physique. Mais la réaction des étudiants révèle davantage qu’un réflexe scolaire devant un mode de contrôle sans doute formel.

En effet, bien qu’ayant remarqué, comme d’autres collègues, la baisse de niveau constante de notre public de D.E.A., j’avais quand même été interloqué, lors de mon premier exposé, par le niveau de connaissance des étudiants quand j’avais tenté d’engager une discussion sur le sujet traité. Pour vérifier si cela devait être mis au compte de la réserve ou d’un manque de pratique de l’oral, j’ai donc pris quinze minutes du cours suivant pour faire passer le questionnaire ci-après. Le résultat est édifiant. Un coup d’oeil sur les réponses révèle que six étudiants sur vingt-sept savent que c’est Racine qui a écrit les Plaideurs, que quatre connaissent l’auteur de Malaise dans la civilisation et que près d’un sur deux ne sait pas que Stendhal est l’auteur de la Chartreuse de Parme, etc...

Ceci pose bien entendu la question du mode de sélection et même la question de la pertinence de ce D.E.A. à la Faculté des Lettres. Les deux premières années, son utilité – incontestable – a été de permettre à des enseignants du secondaire ayant fait des études en métropole et dont la moyenne d’âge devait être la quarantaine d’obtenir un diplôme que l’université ne délivrait pas. Comme il était prévisible, ce vivier est aujourd’hui définitivement épuisé.Il s’agit donc de savoir si les filières de la Faculté des Lettres sont en mesure de produire des étudiants de Troisième cycle.

Il évidemment bien difficile de faire machine arrière aujourd’hui étant donné le forcing qui a été exercé sur Paris pour obtenir cette création. Mais peut-on honnêtement délivrer un D.E.A. “Lettres et Sciences sociales” (en réalité un D.E.A. de spécialité) à un étudiant dont la culture générale est nulle ? On dira que ceux-là n’arriveront pas au terme de leur mémoire. Qu’il me soit permis d’en douter puisque j’en connais qui sont aujourd’hui en thèse. Dans l’immédiat, et pour des raisons évidentes de crédibilité - à la Réunion et vis-à-vis de la BRED à Paris - je crois qu’il faut substituer à l’épreuve de tronc commun prévue, qui se justifiait quand le niveau était satisfaisant mais qui est complètement inadaptée aux sympathiques potaches que nous avons cette année (et qui peut leur reprocher leur absence de connaissances ?) une épreuve sur table avec convocation individuelle portant sur les cinq cours de tronc commun. Ceux qui n‘auraient pas la moyenne étant éliminés de la formation. Pour les années à venir – s’il y en a – il me paraît indispensable d’envisager un contrôle écrit pour accéder en D.E.A.

Tout ceci démontre, s’il était besoin, que ce qui fait défaut à l’Université de la Réunion, ce ne sont pas les formations de Troisième Cycle et autres DESS qui se multiplient comme des petits pains, mais bien des formations de base, voire une année zéro, sans lesquelles on ne peut construire que du faux-semblant. Je fais cette remarque avec d’autant plus d’amertume - on me dit que je ferais mieux de me désintéresser de la question - que le projet d’ouverture du DEUG sciences humaines pour lequel nous militons depuis plusieurs années, qui était inscrit au précédent plan et dont les postes sont pourvus, vient une nouvelle fois d’être reporté. Alors qu’est proposé à l’habilitation, couvert par un enseignant d’une autre discipline, un DESS qui ne compte aucun habilité à diriger les recherches. Ouvrir un DESS sans enseignant habilité est contraire aux instructions réglementaires, couvrir cette absence est une imposture. Comment tout ce montage de carton-pâte, de phrases creuses et d’auto-proclamation pourrait-il produire un enseignement digne de ce nom [voir un écho de cette formation dans une lettre reçue en novembre 1997 -
doc]? Cela dénote un mépris du travail, du savoir, des diplômes et finalement des étudiants qui, dans ce cas de figure, ne servent que de faire-valoir.

Pour revenir au D.E.A., tu comprendras que nous ne souhaitons pas, alors que depuis que nous faisons route commune, l’allocation de recherche qui nous était à peu près régulièrement attribuée chaque année fait déjà cruellement défaut à nos étudiants, que le D.E.A. d’anthropologie fasse naufrage avec le D.E.A. “Lettres et Sciences sociales”.

Je te prie de croire, Cher Collègue, à l’expression de mes sentiments cordiaux et dévoués.


B. C.


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