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anthropologie du droit
ethnographie malgache
Bernard CHAMPION

présentation
3 Éléments d'Ethnographie Réunionnaise
Mots clés : Créolité Ancestralité Citoyenneté Départementalisation Patrimoine
Champs : Anthropologie du développement Anthropologie de l'image Patrimoine
Sociétés créoles Histoire postcoloniale Sociologie des institutions


1- Vingt ans après

2- Barreaux (en construction)
architecture créole

3- "Types de la Réunion" (en construction)
(don à la Société de Géographie du 6 novembre 1885)

4- Ancestralité, communauté, citoyenneté :
les sociétés créoles dans la mondialisation (dossier pédagogique)

5- Madagascar-Réunion :
l'ancestralité (dossier pédagogique)

6- Ethnographie d'une institution postcoloniale :
Contribution à l'histoire de l'université de la Réunion (1991-2003)

Bernard CHAMPION
Bernard CHAMPION

Notes de lecture (B. C.)`

Jean Albany
(1917-1984)


Albany ou Le retour au pays natal

a écrit :

Outremer : retour au pays natal (1966)
Fare fare ou le retour aux isles (1978)
Un poète de l'exil...


“Il n’était pas question d’écrire en créole” dans un entretien au Quotidien du ...1978
Albnay vit un exil parisien. Il nous reçoit “sous les toits”
Un auteur qui se définit
“sans amour et sans politique, plus voué que jamais à l’art et à la poésie” (cit. M.) V. p. 15.

Vavangue, 1972

Le grondement de la mer (...) ce chant qui fut l’essence de ma nostalgie, je l’entends, et, les yeux fermés, dans mon sommeil d’enfant, cet enfant retrouvé, cet enfant prodigue, je l’aurai, à moi seul, pour me bercer. (5)

enfant retrouvé = enfance retrouvée
enfant prodigue = enfant qui fait retour à la maison paternelle : à la langue maternelle.

Cette odeur de corail et de paradis (...) joie de vivre et de vacances : la vavangue. (5)

Oui j’ai retrouvé mon île merveilleuse, je suis redevenu l’enfant dont le sommeil sera ce galet, tourné et retourné par la vague tiède et de tendresse. (5)

...je vis (...) ce qui est incompréhensible pour mon esprit mais ne l’est pas pour mon corps. (6)

...ce voisinage des maisons de Paris, si déplaisant, et jamais accepté
le “pénitencier” de la Cour du Dragon. (6)

Ce printemps à Paris, préparant les fiches de mon glossaire (...) je me suis débattu parmi mes souvenirs d’enfance, cherchant par exemple à définir le cadoque (...) Je découvre, de plus en plus, la difficulté, mais quelle joie dans la réussite de décrire un fruit ou une fleur.
En fait, ils sont si rares ces fruits de notre enfance (...) que seul leur souvenir peut me permettre de les décrire par petites touches mais avec quelle tendresse !
“Fait’ attention ! chaudrons !” (11) Je souris (...) à ce mot de mon enfance, venu tout à coup me piquer au talon d’Achille : chaudron ! Que de fois, en des calanques d’Espagne ou de Grèce (...) j’en ai vu des champs d’oursins - mes yeux voyaient oursins, mon cœur disait chaudrons.

l’oeil du cœur, le sentiment et la perception.

un “croisé chinois” (12) avec “une patience toute chinoise”...
= métis.
un zoreil (13)

Après le temps de la morue salée, arrive celui du poison congelé. (13)

C’était l’époque de Katoumba (...) celle des parties de cartes, des nuits durant. Finies les parties de belote, les chasses au lièvre, les dégustations de rhum marron...(15)

L’odeur, non le parfum, d’une confiture de goyaviers, comme il y a vingt ou trente ans, du temps de la vieille Nana (...) Machinalement, pour humer le parfum des goyaviers, je renouvelle la mimique de Nana et ma narine frémit, se ride, et je suis toujours en 1948, me moquant d’elle gentiment. (16)

(...) ralentir le trafic (sur la route de la Possession pour acheter des goyaviers), ce qui est ,en somme, une concession du présent au passé. Commé là ! (16)

Je ne peux pas me lasser de regarder le paysage. Ce peu d’île. Comment puis-je vivre à Paris sans cela ? Mais comment résister à l’appel du destin ? (18)

Je vis en créolie (18)

Où sont les cases de mes amis de collège ?
De génération en génération, ce sont toujours les mêmes noms, si parfois les prénoms diffèrent. Ils sont régulièrement médecins, pharmaciens, professeurs ou dentistes ? J’observe qu’il y a en chacun d’eux le virus politique, qui les amènera à être conseillers municipaux, conseillers généraux, députés, sénateurs.

J’ai le plaisir de remercier mes amis en créole et de les entendre, eux aussi, le plus naturellement, abandonner un instant l’étiquette qui va de pair avec le français pour larguer, en bon créole, leurs réparties comme au temps du lycée. (19)

Pourquoi j’écrivais en créole cafre ?
En fait, je sue sang et eau sur chaque mot, pour rester le plus près à la fois de mes souvenirs, de ceux des autres, de la logique et des caprices de la phonétique. (20)

Adieu le rhum de Vue-Belle que je goûtais avec plus de ferveur que tout autre parce qu’il me semblait être vraiment le sang de ma terre, le sel de mon enfance. (22)

...un franciscea (...) cette plante (...) catalyse ma notion du temps, non seulement par la fragrance de son parfum, mais encore par la coloration des ses fleurs selon les heures du jour. C’est du haut de ce perron que je m’élance quand je refais mon rêve d’Icare.

J’avais oublié la cache de Tonton Alfred.
... En somme, j’avais tout oublié, puisque en retrouvant chaque objet (...) j’ai l’impression de tout découvrir. (23)

Deuxième passage en créole p. 25
Alors dis à moin : quoça qu’un bougr’qu’l’a retrouv’son pays, son famill’, son dalon y peut demand’de plus su’la terre ? (26)

Je suis comme un convalescent qui retrouve ses souvenirs. Le spectacle de la vie, la beauté de la nature, sa générosité sous les tropiques, tout cela je veux le ranger, je veux le classer. Et comment y parviendrais-je sans le secours de mes parents ? Ils sont, eux, mes lignes de force, ma lumière. Leur destin, comme dit le Prophète, est déjà écrit. (26)
(cp la réflexion de : René-Guy Cadous, es parents ...Il est orphelin...
son désir de s’allonger entre eux
Entre vous deux, vous n’aurez plus de place pour vous retourner et pour joindre vos mains)

Le père :
Quant à moi, de par ma profession, comment imaginer un instituteur sans ce sentiment d’égalité ? Puissants, riches, pauvres, blancs, noirs, bleus ou tricolores, tous les enfants sont égaux dans le savoir. Quant aux maîtres, nuance, il y a une inégalité entre ceux qui viennent de France et nous les créoles, elle continue... Et j’aurais fort à dire sur la comparaison entre les soldes des fonctionnaires “zoreille” et des petits créoles de Bourbon et surtout sur la condition des retraités...” (29)

Je l’avais acheté d’occasion, en 1928, l’année de ton paludisme. (33)

C’était le jour où avec mes copains, nous avions nos activités, c’est-à-dire d’aller à la colle z’oiseaux, ... aux vavangues, quoi... (34)

La grande évasion, c’était le tour de l’île. (35)

Un souvenir de parfum m’est resté de la route entre Saint-Paul et le Possession. (36)

Une certaine année , il y eut une coulée de volcan. Mon désir d’aller la voir, comme tout le monde ne put se réaliser (...) Il y a ainsi parfois, dans l’enfance, un rêve qui ne se réalise pas. Qui ne se réalisera jamais... (36)

Je veux retrouver du zamal. (36)
le Bernica.
Moin l’a jamais vu le pied. Moi l’a besoin connaîtr’. (40)

Il m’est impossible de mesurer le tempas passé. C’est fini le 15 août. Et le mois d’août 1965. (41)

Mon éden...
Ma terre natale. (42)

Je suis ici pour goûter la volupté d’être dans mon île, de l’avoir retrouvée, d’avoir retrouvé mes parente, mes racines. (43)

Célimène (45)

Les mots de l’époque des vieux habitants, je vais t’en donner un, que j’ai retrouvé : c’est eine bastringue. (49)

Le temps des Hibon et des Ricquebourg. Tu connais le vieil adage : heureux comme un esclave des Hibon. (51)

La peur d'être tachées de codinde, de coq d’Inde, quoi... (52)

Mélinda était tatouée au front (son histoire, enlevée à 16 ans, au Mozambique).(53)

Ce qui me ravissait, c’était l’odeur des graines d’entaque et des pois mascate qu’on entreposait dans un angle du farefare. (55)

Nana, c’était le folklore créole noir. (56)
La mort, la veillée...

Le jardin colonial (61)

Partout où je suis passé j’ai planté, j’ai tenté de planter quelques graines venues de mon île natale, dans l’espoir qu’elles témoigneront mystérieusement de mon passage. Cascavelles, cadoques, jujubes, mimosas... (67)

Les introductions “pestes”.

La généalogie

On glisse à la généalogie avec les réflexions du type :
La mode de se promener comme un norvégien est maintenant revenue. Malheureusement le soleil vous fait retrouver la vraie couleur de votre famille. (52)

Si l’on pouvait, à la faveur d’une conversation, justifier tel écart d’une arrière grand’mère ou d’une grand’tante, on le ferait.
Ce que l’on sait ne remonte pas souvent plus haut que deux ou trois générations ; ce que l’on veut savoir remonte plus loin. De plus, ce qui est bien créole, on est toujours intrigué par la différence de couleur des uns et des autres, par la morphologie, même si on ignore la loi de Mendel, en bons paysans. (71)

Il y a quarante ans, épouser un zoreil n’était pas une aventure flatteuse. Et encore moins épouser un malgache, un malabare, un z’arabe ou un chinois. A moins que la future belle-mère ne puisse dire : “Ah ! heureusement qu’vous l’a épous’un gros jabot”.(72)

Claude Rabany, né à Brioude (Hte-Loire), possédant deux ou trois esclave (...) est arrivé en juillet 1817.” (75)

Les segas

Donn’à lu café, marmaille
Donn’à lu café, n’a tiré son tambave

Mon pauvre enfant ! si tu fais le chercheur de trésor maintenant, tu en as encore pour longtemps. (83)

Je ne suis pas allé jusqu’au Cratère Brûlant, la Fournaise, mais je suis quand même satisfait de mon expédition. ; je comprends mieux la géographie, la structure de mon île ; pourquoi il y a trois cirques et comment ce volcan a pu sortir de la mer (...) (87)

La marche sur le feu. (89)

Le Festival de 70
Quand, enfin, notre groupe, nos ballets réunionnais ont apparu sur la scène, j’ai éprouvé la même fierté que tous et une grande émotion, car, tout cela, nous le connaissons, c’est notre vie depuis l’enfance, mais soudain, cela recevait les titres de noblesse que donne le spectacle sur la scène. (90)

Les oiseaux font leur cabart de plus en plus bruyamment. (91)

J’irai, café bu, batt’ un peu le brisant (...) Comme les premiers navigateurs arrivés sur cette terre, j’ai retrouvé la force et ce don de Dieu, la santé. Hier soir, en me baignant, je me faufilai dans le calme clair du lagon et je retrouvai vingt ans en arrière, trente ans en arrière. Cette époque où nous étions les enfants Albany seuls sur cette plage. (...) Comment pourrais-je quitter ce paradis ? (92)

Manapany
Sur ma droite, un massif vert et noir, grottes de chauves-souris (Manapany, vous n’a un nom malgache et je le sais) derrière lequel, plus loin , signe d’une lutte entre deux monstres, le feu et l’eau je crois voir, ayant perdu le contact avec la terre, la lave, le solide, comme à la dérive, une petite île perdue (...)
La plage de mes rêves.

Mon galet gris et blanc, rosé quand l’embrun te laissa humide et brillant sur la grève native, pierre où je découvre mon visage densifié, je te tiens dans mes mains.
Tu as le poids del’île où je suis né, tu as la pureté et la beauté de l’Océan Indien, tu es mon frère et ma vie en vavangue... (94)

Aucune construction romanesque, pas d’artifice.
Au fond, une recherche ethnolinguistique classique, à ceci près qu’il est son propre sujet et à la recherche de sa propre histoire.
Le caractère familial même donne un tour de naïveté à la recherche : ce que mes pères savent, ont vécu, c’est de l’histoire.
L’ethnographie par sa servante noire. Le folklore. La veillée... (58)
Tout sauf systématique et savant (le jardin de l’Etat et l’introduction des espèces...)



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